Victor Cocula – a basalt stone-carver craftsman
Excursion to San Lucas Evangelista, a small village on the shore of Cajititlán Lake, south of Guadalajara, where we meet Victor Cocula, a basalt stone-carver craftsman. He shows us his workshop and gives us a demonstration by sculpting a « molcajete » from a basalt stone that was on the floor. A « molcajete » is a three-legged stone mortar used to grind condiments. Its use is common in Mexico and Central America. Victor Cocula holds the Guinness record for the world’s largest molcajete. It is placed on the village square, is about 1m50 diameters and is used as a central fountain. It also attracts the curiosity of the few tourists passing by there. It has contributed to the economic growth of the village, creating jobs and more touristic visibility for local artisans.
Excursion à San Lucas Evangelista, un petit village au bord du lac de Cajititlán, au sud de Guadalajara, où nous rencontrons Victor Cocula, artisan tailleur de pierres de basalte. Il nous fait visiter son atelier et nous fait une démonstration en faisant apparaitre sous nos yeux un « molcajete » à partir d’une chute de pierres qui se trouvait par là. Le « molcajete » est un mortier de pierre à trois jambes utilisé pour moudre des condiments. Son utilisation est courante au Mexique et en Amérique centrale. Victor Cocula détient le record du molcajete le plus grand au monde dans le Guinness Records. Il se trouve sur la place du village, mesure 1m50 de diamètre et sert de fontaine centrale. Il attire également la curiosité et les louanges des quelques touristes passant par là. Il a contribué à l’essor économique du village, en créant de l’emploi et davantage de visibilité touristique pour les artisans locaux.
Victor explains how the molcajete, originally carved by hand, was made when the stone disc was not yet used. The molcajete was not so deep as we can see today, its cavity was only about 1 cm deep, and the 3 legs were directed outward and not inward as seen on current models. The tool Victor uses consists in a wrought iron hammer, heated to high temperature. It was designed by the craftsman himself, and has several functions, for more or less precision in carving. It looks like a tool from prehistory, loaded with a past and a memory.
Victor nous explique comment se faisait originellement le molcajete entièrement taillé à la main, lorsque le disque à pierre n’était pas encore utilisé. Le molcajete n’était pas si profond comme on peut le voir aujourd’hui, sa cavité faisait environ 1 cm de profondeur seulement, et les 3 jambes étaient dirigées vers l’extérieur et non vers l’intérieur comme on le voit sur les modèles actuels. L’outil que Victor utilise est un marteau en fer forgé, chauffé à haute température. Il a été conçu par l’artisan lui-même, et possède plusieurs fonctions, pour plus ou moins de précision dans la taille. On dirait un outil venu de la préhistoire, chargé d’un passé et d’une mémoire.
In the past, the stone-carver craftsman used to sit on the accumulated pile of stone, accommodating a space among the rubble, and handling the basalt rock with its feet to feel the material and be in touch with the earth. At the end of a day’s work, the craftsman must wait a few hours before taking a shower, because during the labour, the body heats and absorbs the blows given to the stone. If the body goes under the water directly after the work day, it feels intense burns and contractions in the muscles.
Autrefois, le tailleur s’asseyait à même le sol sur le tas de pierre accumulé, il accommodait un espace parmi les gravats et manipulait la roche de basalte avec ses pieds nus pour bien sentir la roche et être en connexion avec la terre. À la fin d’une journée de labeur, le tailleur doit attendre quelques heures avant de pouvoir se laver, car lors de la taille, le corps chauffe et absorbe les coups donnés à la pierre. S’il se passe le corps sous l’eau directement après la journée de travail, il ressent des brûlures et des contractions intenses dans les muscles.
It happens that the stone has failures, which hinders the carving. When the breach deforms the piece that the craftsman was carving, he must create a new form from this flaw, nothing is lost. Victor is full of an inexhaustible imagination and through his practice as a stone-carver, he is constantly reinventing himself. A fully hand-carve molcajete requires 2 hours of intense work, whereas a machine-made molcajete takes only 25 minutes. As saying that the competition is big and the public is not willing to pay the right price for a molcajete entirely handmade. This is why Victor is looking for innovation and differentiation in his practice as a stone-carver craftsman, which augurs the possibility of future collaboration.
Il arrive que la pierre possède des failles, ce qui entrave la taille. Lorsque la brèche déforme la pièce que l’artisan était en train de tailler, il doit alors créer une nouvelle forme à partir de cette faille, rien ne se perd. Victor regorge d’un imaginaire inépuisable et à travers sa pratique comme tailleur de pierre, ne cesse de se réinventer. Un molcajete entièrement taillé à la main demande 2 heures de travail intense, alors qu’un molcajete fait à l’aide d’une machine ne prend que 25 minutes. Autant dire que la concurrence est grande et le public n’est pas disposé à payer le prix juste pour un molcajete entièrement fait à la main. C’est pourquoi, Victor est en quête d’innovation et de différenciation dans sa pratique en tant que tailleur de pierre, ce qui présage la possibilité d’une future collaboration.
In the workshop there is a giant achiote tree. It grows hairy fruits of an intense red color. When we open the pods we can find seeds that, when crushed, produce a powerful dye. The fruits that have already dried up give a deep carmine red ink while the young and fresh fruits produce a salmon red ink. This ink is very strong and could be used to dye textiles. Currently, it is mainly used as a food coloring or in the cosmetics industry. In fact, some communities use it for tribal paintings.
Dans l’atelier se trouve un arbre d’achiote géant (ou Roucouyer). Il y pousse des fruits poilus d’un rouge orangé intense. Quand on ouvre les cosses on y trouve des graines qui, une fois écrasées, produisent un colorant puissant. Les fruits qui ont déjà séché donnent un rouge carmin foncé alors que les fruits jeunes et frais produisent un rouge saumoné. Cette encre est très résistante et pourrait être utilisée pour teindre des textiles. Actuellement, elle est principalement utilisée comme colorant alimentaire ou dans l’industrie cosmétique. Certaines communautés s’en servent d’ailleurs pour les peintures tribales.
Victor invites us to his house in front of the workshop. It is a humble house opened on the village square. The main room consists of a patio with a clay floor, protected from a sheet metal roof. It is used as the kitchen / living room / dining room, the most important room of the house, where one cooks, eats and shares important instants of life. From the dining table, you can look at the giant molcajete fountain. Our nostrils fill with an enticing smell; Mariana, Victor’s wife, is cooking a delicious meal. We meet their 4 children and Victor’s parents. His father is also a stone-carver craftsman. Although precarious, the space exudes comfort and a feeling of well-being and happiness is present. We can feel the love and joy between the members of this family. We share the meal together, a stew of pork chops in a sauce with nopales (vegetable from the prickly pears), chili and mashed fried beans, served with homemade tortillas, of course! Everything is handmade with garden products, the best food I’ve ever had in Mexico since now. We sit at the table and start talking about life, basalt stone, past traditions, our ancestors, until late afternoon…
Victor nous invite dans sa maison qui se trouve en face de l’atelier. Il s’agit d’une maison très humble ouverte sur la place du village. La pièce principale consiste en un patio à même la terre battue, protégé d’un toit en tôles. Il s’agit de la cuisine / salon / salle à manger, la pièce la plus importante de l’habitat, où l’on cuisine, on mange et on partage des instants importants de la vie. Depuis la table à manger, on peut admirer la fontaine-molcajete géante. Nos narines se remplissent d’une odeur alléchante; Mariana, la femme de Victor, prépare un mets délicieux. On fait la connaissance de leurs 4 enfants et des parents de Victor. Son père est tailleur de pierre également. Bien que précaire, l’espace dégage un confort et une sensation de bien-être et de bonheur présent. On peut sentir l’amour et la joie qu’il y a entre les membres de cette famille. On partage le repas ensemble, un ragoût de côtes de porc dans une sauce avec des nopales (légume issu du figuier de Barbarie), du chili et une purée de haricots du type flageolets frits. En accompagnement, des tortillas faites maison bien sûr! Tout est fait à la main avec des produits du jardin, la meilleure nourriture qui m’a été donné à manger jusqu’à présent au Mexique. On s’assoit à la table et on se met à discuter de la vie, de la pierre de basalte, des traditions passées, de nos ancêtres, jusqu’à une heure avancée de l’après-midi…